Maxime Pascal

Три сестры · Opéra en trois séquences (1998) · Livret de Claus H. Henneberg et Peter Eötvös d'après la pièce Trois sœurs d'Anton Tchekhov · Nouvelle production

« Irina n'en peut plus et s'écrie : « Oh mon Dieu ! Où tout cela est-il passé ? J'ai tout oublié. » Puis elle ajoute brusquement : « Nous n'irons jamais à Moscou. » Ni le passé avec ses souvenirs, ni l'avenir avec ses espoirs n'offrent plus de stabilité. Le temps s'érode et se réduit au présent, dominé par le vide, l'insatisfaction, la douleur et l'isolement. Une condition qui afflige presque tous les personnages de l'opéra Three Sisters (1998) de Peter Eötvös, basé sur la pièce du même nom d'Anton Tchekhov. Les réactions sont variées : refoulement ou relativisation, résignation ou fuite, et bien sûr nouveaux rêves, espoirs ou même projets. Néanmoins, un fossé apparemment infranchissable subsiste entre aujourd'hui et le lendemain tant désiré. Pourquoi ces individus ne parviennent-ils pas à se rendre à Moscou, symbole d'une vie différente, meilleure, plus significative ? Quels obstacles intérieurs ou extérieurs les en empêchent ? C'est une question à laquelle nous sommes constamment confrontés, ce qui rend les personnages de Tchekhov, et donc ceux d'Eötvös, très proches de nous. La question devient d'autant plus aiguë face à un incendie soudain et violent, une catastrophe qui exige des mesures concrètes, nous confrontant à la destruction et à la souffrance, à la mort et à la prise de conscience soudaine que la vie pourrait s'achever plus vite qu'on ne l'imagine. » — Christian Arseni